Rarement un produit est-il devenu aussi indissociable de son contenant que le thé et son sachet. Les ventes de thé en sachet représenteraient plus de 86 % du marché total en occident. Autrement dit, en un peu plus d’un siècle d’existence, le thé en sachet a pris le dessus sur le thé en vrac infusé naturellement et de façon libre.
Pourquoi le thé en sachet est-il un tel succès ?
C’est bien sûr le côté pratique du thé en sachet qui explique son succès. Un sachet contient une dose précise pour un thé et il suffit d’y ajouter de l’eau chaude pour obtenir le précieux breuvage. Une fois dégusté, il suffit de le jeter à la poubelle ou au compost et le tour est joué. On évite ainsi la corvée du nettoyage de l’infuseur.
De façon plus large, nous sommes globalement dans une société ou la praticité l’emporte souvent sur la qualité.
Quelques exemples symptomatiques :
- le mp3, remplace le CD qui lui-même remplaçait le disque vinyle… avec à chaque itération une baisse de qualité sonore mais un gain notable de facilité d’usage
- la purée en flocon qui remplace la vraie purée de pommes de terre
- l’email qui remplace le courrier ou la carte postale
- l’appareil photo portable qui a remplacé la séance photo chez un photographe professionnel… et l’album photo que l’on prenait plaisir à regarder en famille est remplacé par les photos dans le “cloud”.. que plus personne ne regarde au final
Le thé en sachet est plus cher
Le thé en sachet est donc très pratique c’est un fait. Mais sa victoire sur l’infusion conventionnelle n’était pas évidente. Il faut le dire, le thé en sachet cumule les inconvénients.
Pour commencer, à qualité équivalente, il est beaucoup plus cher. Normal, il faut inclure les frais de mise en sachet et souvent d’emballage individuel de chaque sachet, puis des sachets dans une boîte en carton. Ceci implique l’acquisition d’un machine onéreuse (comptez 10.000 euros pour une telle machine), son entretien, sa manipulation par un ouvrier très qualifié et aussi l’achat des consommables : étiquettes, cordelette, sachet.. leur stockage, l’assurance du local pour leur stockage etc.
Au final, on paye bien plus l’emballage que le thé lui-même… un comble !
L’impact écologique du thé en sachet
A provenance identique, le thé en sachet est bien moins écologique que le thé en vrac. En effet, l’ensacheuse consomme de l’électricité lors de son utilisation et consomme des énergies – encore majoritairement fossiles – pour sa fabrication et son acheminement jusque sur son lieu d’utilisation.
Il en va de même pour la fabrication des sachets, des étiquettes et des emballages carton ou plastique. Enfin, le transport du thé dans son emballage final de l’usine à votre tasse émet plus de CO2 qu’un thé en vrac plus compact et moins lourd car débarrassé de ses multiples sur-emballages.
Cet argument sera – je l’espère – caduque un jour prochain. Il faudra pour cela que l’ensemble de la chaine de production des sachets de thé soit alimenté en énergie renouvelables décarbonnées et que les matériaux des sachets (papier, tissu, encre, coton…) soient eux-mêmes BIO, sans produits chimiques et compensés carbone. Il y a encore un long chemin pour y arriver.
💡 Pour l’anecdote, soucieux de la protection de l’environnement, Yorkshire Tea, un grand producteur de thé anglais a lancé en juin 2018 des sachets biodégradables. Hélas, ces nouveaux sachets, composés d’une matière végétale et non plus plastique ne résistaient pas à la chaleur de l’eau, laissaient les feuilles s’échapper dans leur tasse.
Les sachets de thé sont potentiellement dangereux pour la santé
Le thé en sachet contiendrait aussi des microparticules potentiellement nocives. Une étude publiée dans la revue ACS Environmental Science & Technology a analysé la composition de plusieurs sachets de thé et de tisane fabriqués à partir de Nylon ou de polytéréphtalate d’éthylène.
Selon l’étude, ces sachets peuvent libérer jusqu’à 2 millions de particules mesurant entre 1 et 150 micromètres et jusqu’à 15 milliards de particules mesurant moins d’1 micromètre. Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont rincé les sachets puis les ont placés dans de l’eau chaude à 95 C° pendant 5 minutes, après les avoir vidés de leur contenu.
Un sachet de thé en nylon contiendrait donc entre 13 à 16 microgrammes par sachet contre “seulement” 0,005 microgrammes de plastique par gramme dans certains sels de table.
Aucune étude n’indique cependant que ces nanoplastiques soient dangereux pour l’homme. Les auteurs de l’étude précisent à ce propos : “Nous disposons de peu d’informations sur l’exposition humaine aux nanoplastiques et sur leur toxicité éventuelle. On ne peut donc pas pour le moment prévoir les risques de leur consommation pour la santé humaine”.
L’Organisation mondiale de la santé (OMC) a toutefois indiquer la nécessité de “mener une évaluation approfondie des microplastiques présents dans l’environnement et de leurs conséquences potentielles sur la santé humaine”.
Le goût du thé en sachet n’est pas le même
La composition du sachet de thé n’a aucun impact sur le goût du thé qu’il renferme.
Mais hélas, bien souvent, les sachets sont trop étroits pour permettre au thé de gonfler et à l’eau de bien circuler entre les feuilles. Pour du thé en poudre de type CTC premier prix ce n’est pas un souci, il gonfle peu. Pour du thé en feuilles entières, c’est plus embêtant.
Le thé c’est surtout de la matière organique déshydratée à 99%. Au contact de l’eau chaude, les feuilles vont se gorger d’eau. Elles vont augmenter de volume dans de grandes proportions. Une feuille roulée en boule en 5 mm de diamètre va s’ouvrir et se gonfler pour mesurer plusieurs centimètre de circonférence. Si le sachet est trop étroit, ce processus est contenu et la feuille ne délivre pas tout son potentiel, son gout ses saveurs.
Les différents types de sachets de thé : avantages et inconvénients
Pour la petite histoire, rappelons que le thé en sachet est le fruit du hasard. Le premier brevet de sachet de thé date de 1903. Utilisées au départ uniquement à des fins de dégustation, sous forme de petits échantillons, ce format pratique a été adopté à la vente à New-York dès 1908 par un certain Thomas Sullivan. De nombreux clients croyaient qu’il fallait utiliser le sachet directement dans l’eau plutôt que de l’utiliser comme un simple emballage… ainsi naquit le thé en sachet.
Aujourd’hui, le thé en sachet se décline dans de nombreuses formes et matières. Toutes ne se valent pas.
Les sachets de thé papier
Le sachet de thé en papier est LE contenant qui a participé au succès international du thé. Il est encore très populaire car il est moins cher à fabriquer et son format plat et rectangulaire est le plus pratique de tous. Il se glisse dans un sac à main ou une poche en toute discrétion.
Hélas, bien souvent, le sachet de thé en papier possède un arrière-goût qui altère les arômes du thé. Il est rare que du thé haut-de-gamme soit proposé dans ce format car on ne peut ni voir le thé, ni le sentir. Evitez le sachet de thé en papier blanchi au chlore et celui fixé avec une agrafe métallique.
Les sachets de thé mousseline
Historiquement, la mousseline de soie a été la première méthode utilisée pour infuser le thé. Aujourd’hui les mousselines sont soit en coton (généralement BIO) soit en nylon, rarement en soie.
Ces mousselines ont de multiples avantages. Elles sont neutre au niveau du goût, très résistantes, même à la chaleur. Elles souvent plus grandes pour permettre au thé de mieux infuser et de la voir gonfler. Ces mousselines sont soit au format pyramidal ou triangulaire soit au format rectangulaire ou rond à plat.
Il existe de multiples formes créatives de sachets de thé : oiseau, parapluie, tipi…
Comment fabriquer soi-même son sachet de thé réutilisable ?
Si l’écologie est un sujet qui vous tarabuste et que vous êtes un peu bricoleur, vous pouvez vous lancer dans la création d’un sachet de thé fait-maison en jersey. C’est amusant et pas si compliqué à coudre.
Il vous faut un tissu certifié biologique, ni blanchi, ni teint, ni imprimé. Il faut aussi utiliser une maille suffisamment serrée pour retenir les plus petites particules des feuilles surtout si vous infusez du rooibos très fin.
Le tissu idéal et facile à coudre, c’est le jersey bio non teinté et non blanchi. Son élasticité aide à y insérer le thé en vrac sans le déchirer. Il est facile à retourner et à nettoyer à la main ou en machine.
Vous pouvez utiliser un bout de jersey rectangulaire de 25 cm sur 10 cm que vous allez replier sur lui même de façon a fabriquer une petite pochette. Vous pouvez ensuite coudre à la machine les contours du sachet ainsi que le rabat. Ce petit sachet au format enveloppe s’ouvre par le devant.