Les antibiotiques, c’est pas automatique. Cette campagne de communication réputée avait comme objectif notable – outre de substantielles économies pour la Sécurité Sociale – de lutter contre la résistance de plus en plus forte des bactéries aux antibiotiques. Cette résistance est devenue massive et préoccupante pour la santé publique. En effet, certaines souches de bactéries sont désormais résistantes à quasiment tous les antibiotiques disponibles. Mais la résistance à la résistance s’organise. Des scientifiques anglais ont ainsi découvert qu’un antioxydant du thé vert pourrait aider à renforcer l’efficacité des antibiotiques.
Le thé vert contre les bactéries résistantes ?
Les antibiotiques ont considérablement fait reculer la mortalité liée aux maladies infectieuses. Cependant, leur utilisation massive et répétée, a conduit à l’apparition de bactéries résistantes à ces médicaments. Résultat : la résistance bactérienne est devenue un phénomène global et préoccupant.
Le gallate épigallocatéchine (EGCG) est l’antioxydant le plus réputé du thé vert. Il serait désormais possible d’ajouter une nouvelle corde à son arc. Selon une récente étude de l’université de Surrey parue dans le Journal of Medical Microbiology, l’EGCG serait capable de restaurer l’activité de l’aztréonam, un antibiotique souvent employé pour traiter les infections causées par la bactérie Pseudomonas aeruginosa devenue résistante à plusieurs antibiotiques et qui provoque des infections des voies respiratoires et du sang.
L’équipe de chercheurs a réalisé des expériences en laboratoire in vitro. Elle a constaté que l’association de l’EGCG et de l’aztréonam donnait de meilleurs résultats que chaque composé pris séparément. Cette synergie a été confirmée in vivo sur des larves de papillon de nuit. Pour les scientifiques, l’EGCG pourrait faciliter l’absorption de l’antibiotique en augmentant la perméabilité de la bactérie. Autre hypothèse : l’EGCG pourrait augmenter la sensibilité de la bactérie aux antibiotiques. Une piste à confirmer.
Les antibiotiques : une révolution médicale
Les antibiotiques sont, de façon naturelle, des molécules synthétisées par des microorganismes pour lutter contre des bactéries. Il existe aujourd’hui plusieurs types d’antibiotiques : naturels, semi-synthétiques ou de synthèse. Ils agissent à différents endroits de l’organisme : voies digestives, voies respiratoires ou encore au niveau de la peau etc. Les antibiotiques bloquent la croissance des bactéries en inhibant leur métabolisme ou encore la synthèse de leur paroi.
L’apparition de souches résistantes résulte d’une utilisation massive des antibiotiques depuis quelques années. Les bactéries dotées de systèmes de défense contre cette molécule y survivent et se reproduisent. Ce phénomène est rare en France mais en augmentation constante.
Les résistances aux antibiotiques peuvent aussi survenir suite à une mutation génétique affectant le chromosome de la bactérie, ou bien être liées à l’acquisition du matériel génétique d’une autre bactérie porteuse d’un ou plusieurs gènes de résistance.
Acinetobacter baumannii, résistante à l’imipenème, est redoutée à l’hôpital. Elle est responsable de 3% d’infection en 2008 contre… 11% en 2011. En 2014, 11% des souches de E. coli et 35% de celles de K. pneumoniae étaient devenues résistantes aux C3G.