La culture japonaise est si exquise qu’elle rayonne dans tous les domaines. L’art culinaire, l’art du thé par exemple, mais aussi l’art des jardins.
Les jardins japonais sont bien plus que de simples aménagements paysagers. Sous leur aspect minimaliste, ils inspirent la réflexion et la méditation. C’est donc un art de vivre à part entière.
Dans cet article, nous partons à la découverte du jardin japonais, de ses caractéristiques, de ses variations, de sa philosophie. Nous proposons aussi une liste de jardins japonais remarquables à visiter en France.
Une brève histoire du jardin japonais
L’art délicat de la création de jardins a probablement été importé au Japon depuis la Chine.
Les premiers jardins du Japon dont on a retrouvé une trace écrite remontent au Ve siècle de notre ère jusqu’au VIIe siècle. Les palais impériaux possédaient déjà des jardins au style spécifique. avec notamment un étang avec un îlot relié à la rive par des ponts. C’est par exemple le cas pour les jardins de l’empereur Shōmu (724-756) à Nara.
Des prêtres bouddhistes associèrent leurs principes religieux et philosophiques à l’art du paysage. Les jardins zen, axés sur la contemplation et la méditation, sont apparus vers le 12ème siècle.
Les jardins sont alors élaborés de façon à être appréciés comme un espace à contempler mais aussi comme un microcosme à parcourir. Au cours de la période Edo, les jardins servaient naturellement pour la promenade de la noblesse.
Le plus ancien texte japonais descriptif de la technique des jardins est le Sakuteiki. Cet ouvrage a été publié au 11e siècle.
Au fil du temps, l’esthétique a évolué et s’est diversifiée. Les prêtres créèrent de nouvelles formes de jardins pour orner les petits pavillons construits pour le chanoyu (la cérémonie du thé japonaise).
Aspects pratiques du jardin japonais
Le jardin japonais exprime une philosophie de la vie mais il s’adapte aussi aux contraintes physiques propres au Japon.
En raison du manque d’espace de l’archipel nippon, les jardins sont considérés comme des paysages miniaturisés. Ils peuvent tenir dans une petite cour, un balcon ou même une jardinière. L’intention est d’imiter un paysage plus grand.
Les bonsaïs sont une autre réponse au manque d’espace disponible dans ces jardins.
Les jardins japonais expriment aussi la beauté de la nature, en évitant autant que possible les éléments artificiels déjà nombreux dans les environnements urbains des mégalopoles.
Historiquement, les jardins appartiennent aux habitations de la classe supérieure et aux maisons de la classe des guerriers. Aujourd’hui, de nombreux petits jardins agrémentent les cours intérieures des maisons. Ils offrent une vue agréable depuis une salle d’étude ou une véranda, favorisant le repos et la productivité.
Eléments d’un jardin japonais
Les éléments clés des jardins japonais sont les rochers, les arbres, les étangs et l’eau.
Tous ces éléments sont disposés harmonieuse et chaque élément a une signification différente, surtout si le jardin est petit.
Les plus grands jardins peuvent avoir des îles, des collines, des ponts, des maisons de thé, des carpes koï, des lanternes en pierre, des portes et des clôtures. Mais rien n’est disposé au hasard.
Un jardin japonais se compose généralement de six éléments clés :
1. L’eau
L’eau exprime la vie et son rôle fondamental dans l’existence humaine. Les étangs, les ruisseaux et les chutes d’eau sont des éléments intangibles. Dans les jardins de pierres sèches connus sous le nom de jardins zen, l’eau est alors symbolisée par le sable.
Les jardins traditionnels les étangs symbolisent l’océan, les cascades sont des ruisseaux de montagne. L’ensemble est orienté en fonction du soleil et de la lune.
2. Les rochers
Les rochers sportent différentes représentations symboliques selon leur forme.
Rocher vertical : un mont remarquable
Roches horizontales : îles
Sable et gravier : l’océan ou une rivière
Roches volcaniques rugueuses : les montagnes
Les arrangements de trois roches sont fréquents dans les jardins japonais. La roche la plus haute représente le ciel, la roche de taille moyenne est l’humanité, et le pont entre le ciel et la terre est métaphorisé par la roche de plus petite taille.
3. Arbres et fleurs
Les arbres et les fleurs permettent de cacher ce qui est disgracieux ou d’ouvrir une perspective en guidant le regard selon les saisons.
Les arbres sont sélectionnés en fonction de leurs couleurs automnales. La mousse est souvent utilisée pour suggérer que le jardin est ancien.
Parmi les arbres et les fleurs les plus populaires, citons le lotus, le pin (représentant la longévité), l’azalée, le chêne, le bambou, le cerisier (dont la floraison est un moment essentiel au Japon), l’érable et le gingko.
4. Ponts et clôtures
Les ponts symbolisent le chemin vers le paradis et l’immortalité. Ils sont généralement faits de matériaux naturels tels que le bois, la pierre ou les rondins recouverts de terre et de mousse. Ils sont soit arqués, soit plats, et sont devenus particulièrement populaires à l’époque Edo, lorsque les jardins de promenade ont fait leur apparition.
Les clôtures sont faites de bambou ou de bois et restent simples.
5. Lanternes en pierre
Une lanterne en pierre apporte une lumière tamisée qui éclaire doucement les éléments du jardin, et représente les quatre éléments naturels – le feu, l’eau, la terre et le vent.
Elle symbolise la connaissance et la sauvegarde des valeurs humaines essentielles par delà le temps qui passe.
6. Des poissons
Les koïs sont des carpes communes domestiquées que l’on trouve dans les jardins japonais. “Koï” a la même prononciation que le mot “affection” en japonais, et les poissons sont un symbole d’amour et d’amitié.
Les différents types de jardins japonais
Il existe de nombreux types de jardins japonais. Ils sont classés selon une méthodologie complexe. Par exemple, selon la nature du terrain, le jardin japonais sera soit tsuki-yama (“collines artificielles”), soit hira-niwa (“terrain plat”).
Voici quelques types de jardins fréquents.
Tsukiyama (jardin de collines et d’étangs)
Ce jardin se compose de collines et d’étangs. Il représente la nature en miniature et comprend des pierres, des arbres, des ruisseaux, des ponts, des koïs, de la mousse et des sentiers. Son but est de faciliter une promenade paisible. Il est généralement plus grand que le jardin zen. Ce type de jardin est très populaire pour l’observation des cerisiers en fleurs au printemps et des érables à l’automne. Un exemple de jardin tsukiyama réputé est est le Ginkaku-ji connu sous le nom de Pavillon d’argent à Kyoto.
Tsuboniwa (jardin de cour)
Il s’agit de petits jardins situés entre des bâtiments, dans une arrière-cour. Ils recoivent très peu de lumière naturelle donc la végétation y est rare. Ils comportent donc du sable et de petites pierres. Ils sont composés d’arrangements simples avec des éléments des jardins zen, de petites collines.
Il ne faut pas le confondre avec le jardin Kanshō, conçu pour être regardé depuis un endroit spécifique, comme une terrasse. Un jardin kanshō notable est celui de Ryōan-ji à Kyoto.
Karesansui (jardin sec zen)
Le jardin Karesansui se compose principalement de rochers entourés de sable. Les rochers incarnent une île au milieu des flots. C’est l’archétype du petit jardin zen avec un sable parfaitement ratissé en formes ondoyantes. Il représente le spiritualisme du bouddhisme zen et offre un espace propice à la méditation.
Chaniwa (jardin de thé)
Le jardin de thé comporte un chemin souvent fait de pierres menant à une maison où se déroule une cérémonie du thé. Il se compose d’un jardin intérieur et d’un jardin extérieur. Les visiteurs utilisent un bassin en pierre appelé “tsubaki” pour la purification rituelle lorsqu’ils entrent dans le jardin intérieur.
Shūyū
Ce jardin de promenade est un ensemble de chemins que l’on arpente. Ils offrent différents points de vue. Les jardins de promenade proposent aux promeneurs des étangs, des îles, des collines, des ruisseaux, des dalles, des carpes affectueuses et souvent des jardins de thé. Le jardin Korakuen à Okayama, est un exemple réputé de jardin de promenade.
Mais il existe encore de nombreux autre styles de jardins japonais : kare-sansui (paysage asséché), sen-tei (“jardin d’eau”) ; rin-sen (“forêt et eau”), genkansaki (“porte d’entrée”)…
Les plus beaux jardins japonais de France
Le Parc Oriental de Maulévrier (Maine-et-Loire)
Le jardin japonais du Parc botanique de Haute-Bretagne (Le Châtelier, Ille-et-Vilaine)
Le jardin japonais du Havre (Seine-Maritime)
Le musée et jardins départementaux Albert Kahn (Boulogne, Hauts-de-Seine)
Le jardin japonais du Château de Courances (Essonne)
Le jardin japonais du Potager des Princes (Chantilly)
Le jardin zen d’Erik Borja (Beaumont-Monteux, Drôme)
Le jardin japonais de Compans-Caffarelli (Toulouse)
Le sentier de Chiminobambusa (Hellemes, Nord)
Les jardins de Ly (Senarpont, Somme)
Le jardin japonais du Parc Edmond de Rothschild à Boulogne
Le jardin japonais d’Ichikawa à Issy-les-Moulineaux
Le jardin de l’île de Versailles à Nantes
Le jardin japonais de Monaco.