La blockchain (“chaine de blocs” en français) est une technologie de stockage et de transmission d’informations. Les données qui y sont sauvegardées sont consultables par tout le monde, infalsifiables et elles fonctionnent sans organe central de contrôle.
Pour l’heure, cette technologie est encore relativement peu connue mais son usage se développe rapidement. Vous allez voir dans cet article que son utilité dans le secteur du thé (ou plus globalement de l’alimentation) est très concrète.
Le blockchain permet de créer une base de données partagée en peer-to-peer, où chaque transaction est immédiatement enregistrée de manière immuable et vérifiée par un réseau d’ordinateurs connectés. Toutes ces informations sont consultables en libre-accès pour quiconque dispose d’un droit de lecture.
C’est une sorte de grand livre comptable numérique qui enregistre les transactions effectuées. Chaque bloc est protégé par des techniques cryptographiques complexes, ce qui rend la blockchain extrêmement sécurisée.
Cette technologie est utilisée principalement pour les cryptomonnaies mais elle trouve aussi des applications dans divers domaines comme la logistique ou même l’immobilier.
En introduction, le plus simple pour visualiser les avantages concrets de la blockchain est de prendre un exemple et de faire un parallèle entre le thé et le vin.
L’entreprise Winedex.io propose aux passionnés de grands vins une application qui leur permet d’apposer sur leurs bouteilles des certificats d’authenticité infalsifiables.
Les bouteilles sont équipées de pastilles autocollantes collées sur la jupe de la capsule. Ces pastilles s’auto-détruisent si elles sont enlevées. Elles contiennent une puce RFID lisible avec n’importe quel smartphone récent. Cette puce affiche l’identité numérique de la bouteille. Toutes les informations sur la bouteille sont stockées sur la blockchain développée par WineDex et elles sont donc infalsifiables : personne ne peut venir modifier les données.
Chaque propriétaire successif d’une bouteille peut donc suivre son cycle de vie de sa conception, ses propriétaires successifs, jusqu’à sa consommation. L’application permet donc de se prémunir contre tout risque de contrefaçon ou de revente au marché noir notamment.
Autres avantages : la lutte contre la spéculation et une rémunération plus juste des producteurs. Les vignerons peuvent intégrer des royalties dans le smart contract, correspondant à un pourcentage du prix de revente de la bouteille.
En Chine, l’importateur Shanghai Waigaoqiao Direct Imported Goods utilise la blockchain pour assurer la traçabilité de ses vins depuis le vignoble jusqu’au consommateur.
Quand vous achetez un sachet de thé, vous achetez certes un produit mais aussi un savoir-faire propre à son fabricant et son distributeur. Les thés que nous proposons sont le fruit d’un cahier des charges exigeant tout du long de la chaine de production.
Des organismes de contrôles surveillent tout le processus d’élaboration du thé (par exemple le thé Darjeeling est une Appellation d’Origine Contrôlée et si il est BIO, sa production est étroitement supervisée). Hélas, ces données sont rarement (voire pas du tout) mises en avant par manque de temps pour les récupérer et les afficher.
C’est ici que le blockchain va permettre de les valoriser en enregistrant de manière sécurisée chaque étape du processus de production.
Concrètement, dès la récolte des feuilles de thé, des informations telles que les cultivars de théiers, l’emplacement géographique de la parcelle, les méthodes de récolte, de culture, de fabrication et les dates sont sauvegardées dans la blockchain.
Ces informations sont immuables. Une fois qu’elles sont certifiées, plus personnes ne peut les modifier car elles sont partagées entre des milliers d’ordinateur sur la planète et les modifier requiert une capacité de décryptage aujourd’hui inexistante.
En fin de compte, le consommateur final peut avoir accès librement à toutes les informations liées à la certification avec un simple un scan d’un QR code posé sur l’étiquette du paquet de thé. Un véritable livre ouvert.
L’application de la blockchain dans l’industrie du thé offre une solution pour lutter contre la contrefaçon et garantir l’authenticité du produit. Les consommateurs peuvent vérifier l’origine du thé, connaître le processus de production et s’assurer que le produit qu’ils achètent est authentique.
A l’échelle internationale, il faut que des consensus émergent. Mais les initiatives ne manquent pas.
Ez Lab, une startup innovante, a par exemple créé une plateforme appelée AgriOpenData. Cette plateforme utilise des “smart contracts”, des programmes informatiques autonomes qui exécutent automatiquement des actions préétablies sur une blockchain. La blockchain choisie par Ez Lab est Algorand, connue pour sa rapidité et sa sécurité.
Objectif : garantir la traçabilité, lutter contre la contrefaçon des produits agricoles.
Demain ce système peut aussi s’appliquer au thé mais aussi plus prêt de nous aux plantes qui servent à préparer des tisanes.
Pour vous donner un ordre d’idée de l’enjeu économique et sanitaire : la contrefaçon toucherait jusqu’à 20% du commerce mondial. Chaque année, près de 1 personne sur 10, dans le monde, tombe malade après avoir consommé des aliments contaminés. Seulement 10% des produits agroalimentaires mis en vente sont tracés, vérifiés et certifiés.
En France, Carrefour expérimente une solution blockchain pour assurer la traçabilité de son poulet d’Auvergne du couvoir à l’assiette des consommateurs. En 2019, Carrefour a intégré la technologie aux filières : tomate Cauralina, œufs fermiers de Loué, fromage rocamadour AOC, lait frais Gillot, saumon de Norvège…
En octobre 2019, le Tea Board of India a publié un appel à manifestation d’intérêt pour inciter les entreprises intéressées à développer une solution de traçabilité pour le thé, utilisant la blockchain.
L’Inde fait face à un problème de stagnation des prix alors que les coûts de production ont augmenté. Le risque est que le nombre de producteurs de thé de qualité (avec une cueillette fine à la main) diminuent en raison de faillites. L’Inde est le deuxième plus gros producteur de thé au monde.
Le Coffee Board of India utilise déjà la blockchain pour suivre sa chaîne d’approvisionnement en café, avec 30 000 agriculteurs enregistrés participant au programme.
Amazon s’est positionnée pour répondre à cet appel d’offre.
Réduction des coûts : la blockchain réduit la paperasse ce qui permet de réduire les coûts administratifs et les erreurs humaines.
Permettre des prix équitables payés aux producteurs : les contrats intelligents automatisent les processus de paiement en fonction de conditions prédéfinis.
Par exemple, lorsque les marchandises sont livrées et que la qualité est vérifiée, le contrat intelligent peut automatiquement payer le producteur. Les petits agriculteurs peuvent recevoir une compensation équitable pour leurs produits, sans que les intermédiaires ne prennent des parts importantes.
La blockchain est une technologie encore relativement jeune. Elle souffre d’une aura de mystère liée à son utilisation essentielle pour le fonctionnement des cryptomonnaies qui ont encore relativement mauvaise réputation.
Son intégration nécessite une expertise technique pointue. Cela peut être un obstacle majeur pour de nombreuses petites entreprises dont ce n’est pas le métier. Il faut que des solutions no-code et clef en main émergent.
Enfin, autre défi de taille pour l’adoption de la blockchain par l’industrie du thé : il faut une standardisation. Toutes les parties impliquées dans la production et la distribution du thé doivent utiliser le même système sur la même blockchain. Beaucoup de réunion en perspective.
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